Contrer l’âgisme n’est pas chose facile. Ce type de discrimination est souvent invisible et banalisé comparativement à d’autres sujets tels que le sexisme ou l’homophobie.[1] L’âgisme peut se définir comme : « […] un processus par lequel des personnes sont stéréotypées et discriminées en raison de leur âge […] » [2]  Souvent nous percevons que l’âgisme affecte seulement nos aînés les plus âgés. Cependant, l’ensemble des tranches d’âges de nos aînés sont affectés. En effet, l’âgisme se manifeste de plus en plus en raison de l’augmentation de l’espérance de vie et de la proportion d’aînés dans notre société.

L’âgisme peut se produire dans différentes sphères de la vie d’une personne tel que : la sphère sociale, leur milieu de travail et le système de santé. Regardons ensemble comment cette discrimination se présente dans ces sphères, les conséquences qu’elle engendre et comment nous pouvons contrer l’âgisme.

Dans la sphère sociale

Participation sociale

Nombreux sont ceux qui participent à la collectivité, à la vie communautaire et culturelle de leurs municipalités. À l’opposé, plusieurs personnes âgées ressentent des jugements axés sur l’âgisme lorsqu’ils tentent de s’impliquer auprès de leur communauté. Cela engendre inévitablement le désengagement et l’isolement de nos aînés.

Loisirs et activités physique

L’âgisme est un obstacle majeur dans le maintien d’un mode de vie actif. Selon la Coalition d’une vie active pour les aînées, « […] la plupart des aînés ne se perçoivent pas et ne sont pas perçus comme des gens actifs, ce qui limite leur participation à des programmes d’activités physiques ou de loisirs de leur milieu.». [3]

Les effets de l’âgisme sur la sphère sociale peuvent donc se résumer à de l’isolement et une diminution importante de l’activité physique. Tel que vu précédemment dans notre blogue sur la fragilité, ces conséquences auront un impact considérable sur l’autonomie fonctionnelle de ces personnes qui se verront de plus en plus limité dans leurs activités de tous les jours. Malheureusement, s’en suit généralement un sentiment de dévalorisation de soi ainsi qu’une diminution importante de l’estime personnelle. On peut facilement voir ici que cela mènera dans un cercle vicieux puisque la personne n’aura plus la confiance nécessaire pour faire face à la discrimination de l’âgisme.

voir notre article sur l’isolement pour en connaître davantage sur ce fléau dans notre société: Contrer l’isolement chez les aînés – Physiothérapie SMOBILE (physiotherapiesmobile.com)

Comment contrer l’âgisme dans la sphère sociale?

« Selon Lagacé (2008), il importe de développer des campagnes de communication publique visant à valoriser le vieillissement et la contribution des aînés à la société québécoise, ainsi que de développer et mettre en place des programmes de sensibilisation à l’âgisme. »[4]

    • Renseigner et sensibiliser la population (blogues, d’articles de journaux, d’entrevue, de conférences etc.)
    • Modifier la vision négative associé au vieillissement par une vision positive (dans les médias, notre propre vision, etc.)

Dans leur milieu de travail (si travailleur âgé)

Stéréotypes au travail

Selon le Conseil des aînés (2002), l’un des plus grands défis que pose le phénomène du vieillissement de la main d’œuvre est sans contredit l’élimination des préjugés défavorables à l’égard des capacités des travailleurs âgés. Les principaux stéréotypes retenus sont la lenteur d’exécution et le travail physiquement trop difficile ainsi que la difficulté à gérer les urgences, les erreurs fréquentes et l’incertitude face à leurs capacités. Certaines études démentent ces stéréotypes mentionnant que; « Les stéréotypes concernant la productivité et le rendement, qu’ils soient positifs ou négatifs, sont difficilement justifiables ou contestables sur le plan scientifique.»[5]

De plus, selon Jolivet, Molinié et Volkoff (2000), il est peu fréquent qu’un travail nécessite des capacités physiques et des performances intenses. De plus, les mêmes auteurs stipulent que les capacités n’atteignent pas un plateau ou ne déclinent pas de façon uniforme avec l’âge.[6] En d’autres termes, il n’y a pas d’âge fixe à partir duquel les capacités commencent à décroître.

Difficulté à trouver un emploi

La principale cause de cette difficulté est trop souvent liée aux stéréotypes sur les travailleurs seniors. Ces perceptions erronées sont donc une source de limitation d’embauche.[7]

Mise à pied en fonction de l’âge vieillissant

Ces mis à pied prennent souvent la forme de retraites anticipées. Elles offrent parfois des compensations financières, mais plusieurs sont en réalité du chômage déguisé. Les stéréotypes négatifs à l’endroit des travailleurs vieillissants, peuvent aussi contribuer à l’utilisation de la retraite anticipée pour régler des problèmes de surplus de main-d’œuvre.[8]

Comment contrer l’âgisme dans le milieu de travail?

    • Renseigner et sensibiliser la population
    • Développer d’avantages de formations adaptées aux travailleurs seniors
    • Encourager financièrement les entreprises qui embauchent et/ou maintiennent en emploi les travailleurs seniors

Dans le système de santé

Dans notre système de santé, l’âgisme fait presque partie intégrante de tous les secteurs d’activités. On l’identifie dans les soins préventifs, les soins de courte et longue durée, les soins nécessitant des spécialistes ainsi que lors des soins palliatifs. Par exemple : « […] de nombreuses études cliniques confirment la présence de discrimination à l’égard des personnes âgées, surtout les femmes âgées qui auraient moins accès à des interventions de pointe en cardiologie ou aux soins intensifs.» [9]

Selon divers articles, il y aurait deux formes d’âgismes dans le secteur de la santé et des services sociaux. L’âgisme directe et l’âgisme indirecte.

Âgisme directe

On le retrouve surtout dans des politiques, des programmes et des services mis sur pieds spécifiquement pour les personnes âgées.

Âgisme indirecte

Se produit lorsque des professionnels rendent un service en se basant sur des attitudes et des préjugés centrés sur l’âgisme.

« Plusieurs professionnels de la santé auraient donc tendance à catégoriser les personnes âgées et à considérer leurs symptômes, plaintes et malaises comme étant normaux et associés à leur vieillissement au lieu de les considérer comme des signes de maladie. Ces attitudes négatives sont associées au traitement différentiel dont les personnes âgées peuvent être l’objet dans la décision d’une intervention. » [10]

Comment contrer l’âgisme dans le système de santé?

    • Intégrer une formation de base et sensibiliser les intervenants.
    • Offrir des formations continue en gérontologie pour les intervenants.

Brenda Du Sault, TRP

[4] Avis sur l’âgisme envers les aînés: État de la situation, Conseil des aînés du Québec, Mars 2010

[5] Avis sur l’âgisme envers les aînés: État de la situation, Conseil des aînés du Québec, Mars 2010

[7] GROUPE D’EXPERTS SUR LES TRAVAILLEURS ÂGÉS. 2008. Soutien et engagement des travailleurs âgés dans la nouvelle économie, Ottawa, Ressources humaines et Développement des compétences Canada, 120 p.

[8] Conseil des aînés du Québec, 2002

[9] Kergoat, M.-J., 2009, p. 45

[10] Avis sur l’âgisme envers les aînés: État de la situation, Conseil des aînés du Québec, Mars 2010