La dépression chez nos aînés est un sujet qui est très peu adressé dans notre société. Un rapport de l’Institut de la statistique du Québec (2014) révèle que près de 19 % des personnes âgées de 65 ans et plus présentent au moins un signe de dépression selon l’échelle de dépression gériatrique. Une étude épidémiologique réalisée en 2005-2006 auprès de personnes âgées québécoises vivant à domicile a montré que près de 13 % d’entre elles présentaient des critères permettant de poser un diagnostic de dépression, de manie, de trouble anxieux ou de dépendance aux benzodiazépines. [1]
Comment reconnaître la dépression chez nos aînés?
Auprès de notre population vieillissante, la dépression peut être difficile à diagnostiquer car la tristesse n’est pas toujours apparente et la douleur psychologique est rarement exprimée.
Beaucoup de personnes croient que la dépression chez les personnes âgées est une réaction normale au vieillissement. Ce n’est pas une caractéristique normale du vieillissement. La dépression est une pathologie invalidante et elle ne fait pas partie d’un vieillissement normal. En réalité, les raisons psychologiques de la survenue d’une dépression chez nos aînés sont nombreuses. Des facteurs sociaux tel que le peu d’échanges affectifs, la solitude, le rejet de certains et/ou l’isolement combinés à d’autres facteurs psychologiques peuvent expliquer la présence de la maladie chez nos aînés. De plus, la perte d’emprise sur leur environnement ainsi que la diminution de leurs capacités sont moralement douloureuses et finissent par altérer l’estime de soi.
Afin de mieux pouvoir déceler la présence de dépression chez nos aînés, voici quelques signes et symptômes qu’ils peuvent présenter. La personne: [2]
-
- Ne s’habille pas
- Ne répond pas au téléphone ni à la porte
- S’intéresse moins aux activités qu’elle avait l’habitude d’aimer
- Reste souvent seule
- Se sent désespérée, sans importance et attristée
- Pleure, s’agite, se met en colère ou démontre peu d’émotions
- Parle moins qu’à l’habitude ou répond aux questions avec le moins de mots possible
- Exprime des plaintes subjectives (ex.: sensation d’atteinte intellectuelle, impression de perte de mémoire)
- Dort mal ou trop
- A plus ou moins d’appétit
- Manque d’énergie
- Se sent déconcertée ou a de la difficulté à se souvenir de certaines choses
- A de la difficulté à prendre des décisions ou à compléter ses plans
- Parle de suicide
Qu’est-ce qui cause la dépression chez nos aînés?
Le deuil
Le deuil est un facteur important à considérer en ce qui a trait à la dépression auprès de nos aînés.
« Selon les études, une personne veuve a entre 1,7 et 2,4 fois plus de chances de faire une dépression.» [3]
Étapes du deuil
Le deuil est un processus nécessaire de délivrance. Afin de mieux comprendre comment le deuil peut mener à une dépression, revisitons ensemble ses différentes étapes.
Le déni
C’est un refus de croire à la réalité. Cela peut aussi apparaître sous la forme d’un choc qui paralyse. Il s’agit d’un mécanisme de protection psychique qui nous aide à gérer, inconsciemment, nos émotions. Plus le déni s’estompe, plus il cède place à la réalité de la perte et les sentiments refoulés refont surface.
La colère
Ce sentiment apparaît lorsque la réalité nous rentre dedans. La colère a plusieurs formes, elle n’est pas toujours logique ni fondée et elle peut être dirigée vers diverses personnes. Ce sentiment est indispensable au processus de guérison. Elle nous remet en question et l’accepter nous permet d’avancer.
Le marchandage
C’est la phase de culpabilité. La personne vivant le deuil se demande ce qu’elle aurait pu faire afin d’éviter le décès de l’être cher. Elle s’imagine que la personne est encore à ses côtés. Cette phase offre un temps de répit.
La dépression
La dépression survient brutalement après le moment de répit. Elle favorise la prise de conscience de la perte et de son étendue. Dans les étapes du deuil, l’étape de la dépression ne signifie pas un trouble de santé mentale. Elle est considérée comme une réponse appropriée à une grande perte.
L’acceptation
Cette étape consiste à accepter les événements ainsi que leurs conséquences et à admettre la permanence de cet état. C’est à partir de cette étape que la guérison s’encrera car un processus de réintégration et de réparation des dommages infligés s’amorce.
En revisitant ces étapes, nous voyons clairement que la dépression est une étape définit du deuil. Ce qu’il faut comprendre est que tous ne vivent pas le deuil de la même façon.Certaines personnes ne vivent pas toutes les étapes du deuil et la quantité de temps passé dans chaque étape varie d’une personne à l’autre.
Ceci étant dit, si quelqu’un n’outrepasse pas l’étape de la dépression pour rentrer dans l’acceptation, cette personne risque d’entrer dans un état dépressif. C’est à ce moment que la maladie mentale peut s’installer.
Le passage à la retraite
Le début de la retraite peut être une autre cause de dépression pour nos aînés. Ce passage peut être difficile et engendrer une situation de crise. Le fait de ne plus travailler peut provoquer une rupture significative avec le mode de vie que la personne a connu pendant plusieurs années. Entre autres, plusieurs aînés doivent gérer avec les changements suivants:
La perte de contacts sociaux
Le travail était un des lieux principaux dans lequel des relations interpersonnelles étaient entretenues en dehors du noyau familial. Lors de la retraite, la personne est brusquement privée de ce lieu d’échange. Peu importe la qualité des échanges vécus, ils impliquaient un contact humain à raison de quarante heures par semaine. Cette perte engendre donc souvent des sentiments d’impuissance et de dévalorisation face à l’incapacité qu’à la personne à maintenir le même nombre d’interactions sociales.
La diminution des activités habituelle
Le fait de prendre sa retraite implique aussi une importante diminution des activités habituelles. En d’autres mots, la personne perd une bonne partie de sa routine hebdomadaire. Elle se retrouve donc avec une absence d’activités d’environ quarante heures par semaine qui doit être comblé. Notons aussi que plus le travail prenait d’espace dans la vie de la personne, plus celle-ci sera démuni devant le vide à combler à la retraite.
La baisse du revenu
Environ 90% des travailleurs qui prennent leur retraite subissent une diminution de 30% à 50% de leurs revenus. Souvent, cette diminution est perçue par nos aînés comme un appauvrissement de leur valeur sociale. Cela provoque une baisse dans leur estime de soi ce qui résulte en un plus grande difficulté à pallier leur manque d’interactions sociales et ajoute à leur sentiment d’isolement.
Pour plus d’information sur comment contrer l’isolement chez les aînés, nous vous invitons à aller lire notre Blogue sur le sujet!
Le non-travail et la perception de soi-même
Avec la retraite, la coupure des échanges sociaux, du temps libre à combler et la baisse des revenus, il arrive que la perception de soi-même se modifie. Malheureusement, plus souvent qu’autrement, cette perception devient négative.
En effet, une partie des gens retraités croiront qu’ils ont « fait leur temps » et que sans travail, ils ne valent plus rien. Quelques-uns d’entre eux n’auront pas acquis les capacités d’échanger et de tisser aisément des liens et se dissuaderons donc de participer à des activités de groupe. Leur estime personnelle se retrouve au plus bas et n’ayant pas de cercle social, ils n’ont pas l’occasion de se sentir aimé et apprécié par d’autres.
Afin de contrer cela, nous aimerions vous encourager à prendre les actions suivantes:
-
- Sortez de votre zone de confort et prenez place à divers groupes (entraînement, social, etc.).
- Brisez l’isolement et apprenez à sortir seul(e) de la maison
N’oubliez pas qu’une faible estime de soi favorise la désafférentation sociale et la dépression.
Une estime de soi positive est nécessaire pour vivre de façon satisfaisante, s’engager dans des actes qui permettent de se construire et traverser les difficultés lorsqu’elles se présentent.
Brenda Du Sault TRP