Peu de gens connaissent le rôle de la physiothérapie en ce qui a trait au traumatisme cranio-cérébral (TCC). Afin de vous aider à comprendre comment elle peut aider, voici ma première expérience avec ce type de cas.

Mieux comprendre le Traumatisme cranio-cérébral (TCC)

C’était il y a de cela quelques années, lorsque je travaillais pour un Centre d’Hébergement de Soins de Longue Durée (CHSLD). Mon client était atteint d’un TCC que l’on pourrait classifier comme sévère. Le consortium national de formation en santé explique le TCC comme suit:

« […] une blessure de nature physique atteignant le tissu cérébral. Le traumatisme pourra porter atteinte aux os crâniens, par exemple en produisant une fracture, mais il n’est pas rare que le traumatisme ne laisse aucune trace visible sur la peau ou les os crâniens alors qu’il y a atteinte du cerveau. Il en résulte une altération des fonctions cérébrales de façon temporaire ou permanente.»

Lorsque le traumatisme est classé comme étant sévère, c’est que l’on considère que la force d’impact sur le cerveau est plus grand et que les risques de séquelles post trauma sont plus importants que la moyenne.

Dans le cas de mon client, il avait eu un grave accident de la route avec fracture du crâne. L’impact au cerveau l’avait rendu hémiplégique. Cela signifie qu’un côté de son corps avait perdu des fonctions motrices et sensorielles. La partie du cerveau qui avait été touchée par l’impact contrôlait aussi sa mémoire et sa capacité d’initier des actions.

Ma première rencontre avec le client

La première fois que je l’ai rencontré, j’étais étonnée de voir à quel point son côté hémiplégique pouvait se mouvoir, surtout au niveau de sa jambe atteinte. Son côté non-atteint était aussi très mobile et présentait une bonne force. J’étais surprise par ces constatations.  Même avant son admission en CHSLD, tous ses transferts se faisaient avec un levier (lève-personne). Ce type d’équipement est généralement utilisé lorsque les gens ne sont pas en mesure de se porter sur leurs jambes. Ils en ont donc besoin pour se déplacer de leur lit à leur chaise roulante et vis-versa. Or, puisque le client présentait une bonne force dans sa jambe non atteinte, je me suis dit qu’il serait possible de le rééduquer à la station debout. En d’autres termes, je voulais lui apprendre à utiliser un équipement qui lui permettrait d’effectuer ses transferts sans le levier.

Les impacts du traumatisme cranio-cérébral

Afin de vous donner une idée de nos échanges, voici le souvenir que j’ai de la discussion que nous avons eue lors de notre 2e rencontre:

Moi : Bonjour, comment ça va ce matin?

Client : Bonjour, qui me parle?

Moi : C’est Sarah de la physiothérapie, vous allez bien?

Client : … (il serre les lèvres et fait signe que non)

Moi : On va essayer de vous changer les idées, voulez-vous on va faire quelques exercices pour renforcer vos jambes?

Client : Je ne sais pas, je ne suis pas capable. Tu sais j’ai eu un accident?

Moi : Oui, on s’est vu hier et on en a discuté!

Client : Ah oui? Je ne m’en rappel pas.

Moi : C’est correct, tout est nouveau et on ne se connaît pas beaucoup, on va refaire les mêmes mouvements qu’hier.

Client : D’accord

Je n’ai jamais réussi à lui faire faire aucun exercice au complet bien que la veille, ils les avaient quasiment tout réussi. Aujourd’hui, j’étais face à quelqu’un de différent. Le client ne croyait pas être en mesure de faire ce que je lui disais et qui le répétait constamment. Lorsqu’il réussissait quelque chose, il disait que ce n’était pas grand-chose comparativement à l’homme qu’il était avant son accident.

Des impacts psychologiques

D’un jour à l’autre et même, d’un moment de la journée à un autre, sa motivation, sa confiance en soi et sa capacité à se concentrer sur une tâche était très variable. J’ai su rapidement que j’étais face à un réel défi qui était beaucoup plus complexe que simplement rééduquer des aptitudes physiques. Mon premier cas de TCC sévère avec séquelles, allait m’apprendre à user de ruse, à m’outiller davantage, à m’entourer de d’autres professionnels afin de tenter de lui redonner un peu d’autonomie. Physiquement, il était capable de beaucoup, mais les atteintes étaient beaucoup plus que physiques et allaient m’en faire voir de toutes les couleurs!

Les difficultés rencontrées avec ce client atteint d’un traumatisme cranio-cérébral

L’objectif était clair : Réussir à regagner la station debout avec équipement afin de lui permettre de retourner parfois à la maison avec sa conjointe.

Les suivis étaient beaucoup axés sur la répétition afin de renforcer les muscles, créer une routine et instaurer des gestes automatiques. Lors de mes interventions, j’ai appris rapidement qu’une partie du cerveau qui avait été atteint limitait sa capacité à initier des mouvements peu importe leur simplicité. Par exemple : Le client avait toutes les capacités motrices nécessaires pour prendre la télécommande avec sa main non atteinte. Cependant, malgré qu’il désirait écouter une émission, il ne posait pas les gestes nécessaires pour ouvrir la télévision.

Comment avons-nous adressé cette problématique?

Conjointement avec mon équipe interdisciplinaire, nous avons essayé plusieurs stratégies pour détourner ce manque d’initiation. Nous avons découvert que la répétition de tâches était la meilleure solution que nous pouvions mettre en place afin de créer des réflexes naturels. Par exemple, si on lui donnait une débarbouillette, il la portait à son visage. Nous lui avons fait répéter cette tâche à plusieurs reprises afin qu’elle devienne un automatisme. Lorsque ce geste était acquis, nous ajoutions un autre mouvement:

 

Débarbouillette ; Plier le coude pour l’amener au visage

Débarbouillette ; Plier le coude pour l’amener au visage ; Frotter pour laver le visage

 

Chaque tâche devait être décortiquée et répétée de façons multiples. Nous avions ciblé en équipe quelques actions principales à pratiquer dont laver le visage, le rasage, se propulser avec son fauteuil roulant et finalement, se lever debout avec un équipement.

Le déroulement des séances

1 bonne séance sur 3. Le traumatisme avait touché des parties du cerveau qui limitait la concentration de mon client ainsi que sa confiance en soi. Malgré des suivis réguliers, je réussissais 1 fois sur 3 à accomplir les séances d’exercices. La rééducation de ces tâches s’est alors avérée beaucoup plus longue et difficile que prévu. Il fallait s’adapter constamment à son état physique, psychologique et émotif. Il fallait savoir quand pousser pour tirer le plus de résultats possibles. À plusieurs reprises, je n’ai pu que faire de l’écoute active car chaque fois qu’on commençait un exercice il disait :

Tu sais je ne suis plus l’homme que j’étais…

Cette situation était déchirante, belle et frustrante. On se sent choyé, voir privilégié d’avoir accès à des sentiments aussi profonds et en même temps on veut qu’elle vive des réussites puisque l’on voit tout le potentiel qu’elle a.

Est-ce que la physiothérapie a pu aider?

Après plusieurs mois, nous avons réussis à atteindre la plupart des objectifs que nous nous étions fixés. Mon client a pu retourner séjourner à quelques reprises dans sa maison avec sa conjointe car il pouvait dorénavant se lever debout avec de l’équipement. Le travail n’était cependant pas fini et nous nous sommes rendu compte qu’il ne se terminerait jamais. Une les objectifs atteints, nous devions maintenir les capacités car la problématique du départ y était toujours. La partie atteinte du cerveau du client continuait à limiter sa capacité à initier par lui-même des actions. Si on ne continuait pas à lui faire répéter à tous les jours les tâches apprises, il perdrait la capacité à les effectuer.

Malgré les améliorations importantes à son autonomie, le client ne voyait que ses limitations. C’est comme s’il ne voyait pas de différence entre le début de nos suivis et l’état dans laquelle il était après l’atteinte des différents objectifs. Un jour alors que je faisais son suivi, j’ai tenté de lui démontrer tout le progrès qu’il avait fait et tous les impacts que cela avait eu sur sa vie. Il m’a répondu :

 

Tu sais, je ne suis plus l’homme que j’étais…

 

J’ai appris énormément et cette expérience a beaucoup influencé ma pratique en physiothérapie. Je le revois dans sa maison auprès de sa famille souriant pour le temps des fêtes et je me dis : si tous ces efforts lui ont apporté ne serait-ce qu’un instant de pur bonheur loin de ces idées noires et de son sentiment d’inaptitude, je crois sincèrement que ça en valait la peine.

 

 

Sarah Morin Propriétaire/TRP

 

Références et ressources

https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/Traumatologie/Section_2_REC_complet_FRAN_final.pdf

https://optimamedia.ca/wp-content/uploads/2018/10/Dionne-Potvin_Du-traumatisme-craniocerebral-leger-a-grave.pdf

https://aqnp.ca/documentation/neurologique/le-traumatisme-cranio-cerebral/

https://www.connexiontccqc.ca/wp-content/uploads/2019/06/tcc-leger-epidemie-silencieuse.pdf

https://cnfs.ca/pathologies/traumatisme-cranio-cerebral

 

 

 

 

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